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SOLO SHOW | STRATES – PARTITION DU VIDE – | La Capsule | Le Bourget

[vc_row][vc_column width= »1/1″][vc_single_image media= »4901″ media_width_use_pixel= »yes » media_link= »||target:%20_blank| » media_width_pixel= »400″][vc_column_text]Vernissage le 31 janvier à 19H
Exposition du 31 janvier au 30 mars inclus
Finissage le 30 mars à 15H

 

Texte écrit à cette occasion par Isabelle de Maison Rouge (critique et historienne de l’art) 

Infusion du corps dans le paysage1

La question du paysage et du rapport de l’homme à l’espace qui l’environne traverse le travail d’Harold Guérin de part en part. Par cette démarche il s’inscrit dans la poursuite de l’Histoire de l’art qui dès ses débuts exprime les liens qu’entretient l’être humain avec la nature. Le paysage a d’abord servi d’environnement narratif, symbolique ou ornemental aux artistes. Mais depuis les années 60 toute description du monde n’implique plus seulement la notion de copie du réel. L’artiste dorénavant, à l’aide d’investigations, de mise en scène et de récits amène à penser et réfléchir sur les territoires naturels comme artificiels qui nous entourent et dans lesquels nous trouvons place. En cela, bien loin d’être le seul lieu d’une « représentation du monde », l’art peut revendiquer des capacités singulières pour questionner et investiguer les modifications internes du paysage et les mutations que l’homme lui fait subir à partir de l’Anthropocène*.

Engagé dans une démarche d’explorateur, d’observateur, de chercheur qui n’est pas dénué de sens critique, Harold Guérin s’empare des problématiques géographiques pour comprendre le monde et agir sur lui. Il prend connaissance avec le terrain qui devient son objet d’étude et part, accompagné de son appareil photo. Il va photographier à la chambre ce qui lui permet de travailler à un autre rythme, prendre le temps de la réflexion, de la contemplation et de l’indécision.. Dans une manière de décroissance photographique, il assume le plaisir de la lenteur.

L’apprentissage de la temporisation, il l’acquiert également dans son contact avec le paysage et sa marche à l’intérieur de son étendue qui n’a rien d’un geste anodin. Ce qui intéresse l’artiste est de perturber la trajectoire du regard et la perception qui en découle. Ainsi dansPercée, il nous offre une véritable perforation du paysage creusant une perspective dans ce sentier de montage tout à fait différente de ce qui existe sur le site, comme un vortex qui aspire la vue. AvecTraffic Twist Around il vrille la cartographie d’un lieu évoquant ainsi la vitesse de déplacement d’une agglomération à une autre par une contraction de l’espace, les formes en relief qui en découlent peuvent faire penser également aux twists vues par satellites des cyclones et événements météorologiques qui agissent sur certains endroits du globe. Focusoffre au spectateur d’assimiler visuellement un objectif d’appareil photo à une carotte géologique. Harold Guérin par ses installations fait se superposer ainsi travail photographique et vision cartographique.

La résidence que l’artiste a réalisé à la Capsule lui a permis d’approfondir deux projets spécifiques Perspective du repliet Silence Exposure qui tous les deux proposent de façon bien différente une réflexion sur la mutation du paysage. Il réalise un grand écart entre les prises en vue d’ensembles urbains très denses où une concentration d’immeubles bouche l’horizon et les grandes zones vides éloignées de toute habitation et où la pollution lumineuse comme sonore est moindre.

Dans la première série il reproduit ses images urbaines sur un papier qu’il va ensuite replier pour reconstituer le fameux soufflet de l’appareil photo et produire ainsi une vision confinée de ce regroupement architectural. Cet appareil qu’il utilise avec son soufflet étanche à la lumière autorise les mouvements mais nécessite un temps d’exposition à la lumière qui varie selon le sujet que l’artiste décide de traiter. Dans le paysage rural et nocturne, Harold Guérin va l’étirer à l’infini afin d’en bouleverser les perceptions.

Ainsi dans la deuxième série il enregistre le déplacement de la lune durant toute une nuit dans un paysage totalement isolé et quasi silencieux, toutefois il interrompt la prise de vue chaque fois que se fait entendre un bruit polluant. Le résultat qui s’enregistre pendant une nuit entière et ne produit pourtant qu’une seule photographie, donne une vision syncopée du déplacement de l’astre qui dessine un étrange message morse dans l’espace noir profond du ciel nocturne. Les noirs dans la trajectoire lumineuse rendent visibles l’irruption du son (de moteur de voiture ou d’avion de ligne) dans le silence qu’ils percent et perturbent en venant hacher la courbe qui apparaît visuellement interrompue.

Le temps, sa durée et son inscription sur l’espace sont les filigranes qui nous permettent de nous repérer dans l’œuvre d’Harold Guérin et lui confèrent la fonction de métadonnées.

Isabelle de Maison Rouge

Critique d’art et commissaire d’exposition indépendante

* l’Anthropocèneest un terme de géologie proposé pour caractériser l’époque de l’histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l’écosystème terrestre.

1Ce titre se réfère à l’ouvrage de Frédéric Gros, Marcher, une philosophie, Flammarion 2011

 

Évènement Facebook

LA CAPSULE, Centre culturel André Malraux,
10 av. Francis de Pressensé, Le Bourget
( À 50 m de la gare RER B )

Entrée libre du lundi au vendredi
de 9H à 12H et de 13H30 à 18H
Le samedi (hors vacances scolaires)
de 10H à 13H et de 14H à 17H[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]