L'ÉPREUVE DU TERRAIN

GROUP SHOW | L’ÉPREUVE DU TERRAIN | Galerie Neuf | 6 Week-ends d’Art Contemporain | Nancy

[vc_row][vc_column width= »1/1″][vc_single_image media= »4343″ media_width_use_pixel= »yes » media_width_pixel= »400″][vc_column_text]L’ÉPREUVE DU TERRAIN

Simon Boudvin, Jean Denant, Harold Guérin

commissariat : Harold Guérin

exposition du 9 juillet au 7 août
vernissage le vendredi 8 juillet de 18H à 20H30

GALERIE NEUF
9 rue Gustave Simon, Nancy

ouvert les week-ends de 14H à 19H
dans le cadre de « 6 Week-ends d’Art Contemporain 2016 »
http://www.6-weekends-dart-contemporain.fr

L’exposition «l’épreuve du terrain» réunit les oeuvres de Simon Boudvin, Jean Denant et Harold Guérin.
Ces trois artistes y confrontent leurs perceptions du paysage urbain, du chantier et de la construction architecturale en combinant les médiums de la sculpture et de la photographie. Chaque oeuvre est ici l’aboutissement d’une expérience du terrain, le résultat d’un processus, consistant à explorer la réalité physique d’un site en mutation. Utilisant différents procédés de prélèvement photographique et de matériaux, les artistes mesurent et analysent les actions qui conduisent à l’édification, interrogeant la frontière incertaine entre construction et démolition. Frénétiquement, l’homme capture le paysage, le sonde pour mieux le contrôler, l’ordonne selon la mesure, le fait sien pour enfin l’habiter. Il quadrille le terrain, en extrait des matériaux, le nivèle et l’uniformise pour asseoir les fondations d’infrastructures toujours plus denses et développées.

«Un certain esprit moderne, triomphe dans la substitution au monde naturel, d’un espace indifférencié où rien ne fait obstacle (…) à la pensée géométrique» 1 . Cette anthropisation est mise en perspective par la photographie qui permet à son tour de capturer l’espace dans son objectivité technique. Elle prolonge notre vision pour mieux cadrer le paysage et le figer dans le temps. «L’appareil découpe une portion d’un champ infiniment plus grand. (…) le reste du monde est éliminé par ce découpage» 2 . Pourtant le prélèvement d’image ne peut se faire sans un travail de repérage et de reconnaissance du terrain. Successivement, les artistes arpentent et enregistrent aussi bien la dynamique de sites en construction, la densité de zones urbaines habitées que la faillite de territoires abandonnés réduits à l’état de ruines post-industrielles.

Les photographies de Simon Boudvin Concave 6 et Concave 7 opérées à la chambre photographique en multi-exposition, révèlent les carrières souterraines de Poncé et de Ruillé, en déplaçant méthodiquement des néons dans l’obscurité le temps de la prise de vue. Il considère ces cavités comme les volumes vides inhérents aux pleins de l’architecture construite par l’homme au-dessus de la surface du sol. On y voit des architectures excavées, en négatif, conséquence d’un déplacement de matière entre deux localités distinctes et pourtant indissociables, celle du gisement et celle du site de construction.

Greffés au mur tels des prothèses architecturales, les Modules de Jean Denant donnent à voir au contraire le site en construction. Par un processus dont l’artiste a le secret, cette déclinaison de volumes réalisés en plâtre absorbent les traces des photographies capturées sur le chantier. Hybrides, ces objets figent dans le temps et dans la matière un état transitoire. Des paysages urbains qui sont ramenés à l’échelle de la main. Entre volumes informes et images distordues de vues d’ensemble et de fragments, le document photographique est ici éprouvé et marqué par la réalité physique du matériau.

En résonance, l’installation Magnitude de Harold Guérin, propose une expérience dans laquelle la distance d’observation est mise en jeu. La perception du chantier vue de loin et celle vue de près s’intervertissent. Des photographies montées sur des ponceuses vibrantes s’actionnent en présence du spectateur. Lorsqu’il s’en approche pour apprécier les détails, l’installation le détecte et déclenche bruyamment la vibration, perturbant instantanément sa vision. Les tas de matériaux amassés sur le terrain deviennent flous, l’image est insaisissable pour l’oeil. Situé à l’interface entre construction et destruction, le spectateur devient l’instigateur du chaos selon la position qu’il choisit d’adopter dans l’espace.

Cette agitation contraste et interroge les étranges petits volumes réalisés par Simon Boudvin.
3 tectoèdres d’ordre 6 est le résultat d’une expérience de reconstruction qui emprunte librement la méthode d’archéologie de l’anastylose. L’artiste récupère à Villeneuve-la-Garenne, de la poussière de gravas concassée issue d’entrepôts démolis, dont la matière a été triée et laissée sur place. L’artiste applique alors la formule du tectoèdre employée par le mathématicien Roger Iss pour dénombrer les différentes formes que peut prendre un tas de sable sur une base polygonale. Il saupoudre la poussière finement tamisée sur des plaques de métal hexagonales. Les formes minimales des petits tas se dessinent d’elles-mêmes projetant une face depuis chaque bord, une arête depuis chaque angle. Du chaos de la démolition, semble se régénéger par la géométrie une nouvelle construction.

Enfin, dans Perspective du repli de Harold Guérin, c’est en revanche d’architecture habitée dont il s’agit. Deux prises de vues d’ensembles urbains en banlieue parisienne sont opérées à la chambre photographique. Les épreuves obtenues sont tirées sur papier photo puis repliées sur elles-mêmes à la forme et aux dimensions exactes du soufflet de cette même chambre. Cette transposition dans laquelle le paysage urbain prend corps dans l’outil, provoque une perte de repères dans la lecture de l’image initiale. La géométrie des bâtiments se superpose à celle des plis de l’outil. Les perspectives sont ainsi brisées par la contraction et la fragmentation de l’espace.

Ainsi, les oeuvres présentées dans l’exposition témoignent des différentes temps qui ponctuent la construction urbaine. De l’extraction des matériaux à la démolition, chacune traduit une épreuve du terrain, aussi bien sous l’angle de l’expérience que de l’empreinte obtenue.

 

Harold Guérin
Commissaire de l’exposition

 

 

1. Olivier Rey, Une question de taille, Stock, 2015.
2. Stanley Cavell, The World Viewed, New York, Vinking Press, 1971, p.24, cité par Rosalind Krauss in Le photographique, Paris, Macula, 1990, p.131

 

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Artistes invités :

Simon Boudvin
Né en 1979 au Mans, vit et travaille à Bagnolet
représenté par la galerie Jean Brolly à Paris.
http://simonboudvin.fr

Jean Denant
Né en 1979 à Sète où il vit et travaille
représenté par la galerie Anne De Villepoix à Paris.
http://www.jeandenant.fr/[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column width= »1/1″][/vc_column][/vc_row]